Face à la menace croissante de la pollution de la lagune Ebrié, Professeur Bernard Ossey YAPO, Directeur du Centre Ivoirien Antipollution (CIAPOL), structure sous tutelle du Ministère de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE), a convié le mercredi 17 janvier 2024 à la Salle de Conférence du CIAPOL sis à Abidjan-Plateau à une réunion les acteurs clés du secteur pour discuter de la mise en place d’un cadre de collaboration entre l’État et le secteur privé en vue de dépolluer et d’entretenir la lagune Ebrié. Parmi les participants figuraient des représentants du ministère du tourisme, du District d’Abidjan, de l’Autorité de la mobilité urbaine dans le grand Abidjan (AMUGA), de la direction générale des affaires maritimes et portuaires (DGAMP), de l’office national de l’assainissement et du drainage (ONAD), de l’agence nationale de gestion des déchets de Côte d’Ivoire (ANAGED), du Port Autonome d’Abidjan (PAA), d’Aqualines, de la société des transports Abidjanais (SOTRA), et de la société des transports lagunaires (STL).
Situant le contexte de cette rencontre, Professeur YAPO rappellera qu’entre 2019 et 2020, la lagune Ebrié a été le réceptacle de 207 tonnes de macrodéchets par jour, dont 55% de macrodéchets, 24% de textiles et 8% de bois. Ces chiffres déconcertants soulignent la gravité de la situation, affectant non seulement la santé des populations riveraines, mais aussi entravant les activités des entreprises exploitant la lagune. Aussi, l’’objectif principal de cette réunion est-il d’identifier au sein des structures publiques les services responsables de l’entretien du plan d’eau lagunaire. Car la mise en place d’un cadre de collaboration Etat-Secteur Privé est cruciale pour coordonner les efforts nécessaires à la dépollution de la lagune Ebrié. Les discussions ont donc porté sur un projet commun pour la dépollution et l’entretien de la lagune Ebrié, sur la recherche de financement pour la mise en œuvre d’un projet et les moyens à mettre en œuvre pour la gestion durable des lagunes, afin de minimiser l’impact néfaste de la pollution et à restaurer la santé écologique de la lagune.
Selon MAHAN Josias, Conseiller technique en charge de l’environnement désigné par le Directeur du CIAPOL pour coordonner la rencontre, « Cette réunion vise à réunir tous les acteurs, parties prenantes de l’environnement lagunaire, pour qu’ensemble nous puissions voir ce qui est fait pour protéger la lagune, améliorer la qualité de la lagune, et également pour que l’ensemble des partenaires qui travaillent sur la lagune se retrouve pour proposer des solutions à l’État. Ainsi, nous saurons exactement ce qu’il faut faire pour traiter notre lagune et lui redonner son utilité d’antan ». A en croire le conseiller du Directeur du CIAPOL, « Il y a un travail qui est déjà fait. Ce que nous voulons aujourd’hui, c’est rassembler l’ensemble des acteurs, au niveau du privé et de l’État, pour qu’ensemble nous puissions proposer des solutions et les mettre en œuvre pour obtenir des résultats plus probants ». Et pour lui d’ajouter : « chacun dans son domaine à la travaille à la dépollution de la lagune, mais vous voyez bien que ce n’est pas efficace, car aucune structure ne peut avoir toute la totalité des moyens pour venir à bout de la pollution ».
Cette réunion marque un pas crucial vers une collaboration active entre l’État et le secteur privé, pour résoudre la crise environnementale dans laquelle est plongée la lagune Ebrié. Au terme de la rencontre, des recommandations ont été faites dont l’Organisation d’un Conseil d’urgence avec Jacques Konan ASSAHORE, Ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE) ; la Collecte de façon périodique des déchets et leur traitement après la restitution du projet FASEP (Fonds d’étude et d’Aide au Secteur Privé) ; la responsabilisation les structures dans le cadre de l’enlèvement des déchets en mer par la révision de la Convention MARPOL ; la Mise en place d’une matrice d’action avec un délai d’exécution qui prenne en compte la nature et les types de pollution, les sources potentielles de pollution et les voies de traitement des polluants ; la réalisation de la cartographie des déchets sur toute l’étendue du territoire national ; la mise en place d’une gouvernance territoriale afin de mieux organiser la collecte des déchets avec des objectifs clairs, des indicateurs de suivi ; puis enfin la réalisation d’une sensibilisation unifiée sur la base d’un plan de communication nationale comme outil d’aide de décision pour les Associations communautaires. Il a été aussi suggéré l’implication d’autres strcutures au projet telles que le Ministère de la construction, l’Association Ivoirienne de Valorisation des Déchets Plastiques (AIVDP), la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGCI), l’Institut de recherche pour le développement (IRD), l’Université Nangui Abrogoua (UNA), l’Union des Villes et Communes de Côte d’ivoire (UVICOCI), la Compagnie Industrielle de Constructions Navales (CIC Marine), ENVIPUR, l’Organisation Let’s Do It et l’Association Moi Je Trie (MJT) et le Projet d’Aménagement de la Baie de Cocody (PABC).
En somme, la volonté manifeste de travailler ensemble témoigne de l’engagement envers un avenir plus propre et plus durable car ces efforts conjoints ouvriront la voie à des actions concrètes et à la dépollution effective de la lagune Ebrié.